François Ozon, né le à Paris, est un réalisateur, scénariste et producteur de cinéma français.
Il est l'un des rares cinéastes français à s'occuper à la fois de la réalisation, de l'écriture et de la production de ses films. Il est souvent comparé au réalisateur américain Woody Allen : comme lui, il varie les genres (drame, comédie, comédie musicale) et produit presque un film par an.
Il est l'un des réalisateurs français le plus souvent nommés aux César du meilleur film et du meilleur réalisateur (six nominations) sans jamais les remporter. Il a par ailleurs remporté le Lumière de la meilleure mise en scène en 2003 pour sa comédie musicale Huit Femmes.
Biographie
Famille et vie privée
François Ozon est né d'un père biologiste et d'une mère professeure de français, dans une famille de quatre enfants. Il a reçu une éducation catholique.
Il a déclaré être homosexuel,. La sexualité, l'ambiguïté, l'ambivalence et la subversion des normes sociales ou familiales sont certains de ses thèmes privilégiés.
Formation
Ozon se passionne très tôt pour le cinéma. Il fait quelques apparitions comme figurant et crée quelques courts métrages amateurs en super 8 dans lesquels il fait jouer les membres de sa famille. Après une maîtrise de cinéma à l'université Paris-I, il intègre, en 1990, le département « Réalisation » de la Femis, dont il sort diplômé avec la promotion 1994. Il y rencontre ses futurs producteurs Olivier Delbosc et Marc Missonnier.
Les débuts
À sa sortie de l'école, François Ozon tourne ses premiers courts-métrages « professionnels », qui lui assurent très vite une certaine reconnaissance dans le milieu du cinéma. Ces films obtiennent de nombreux prix dans des festivals. Durant dix années, François Ozon enchaîne les courts-métrages, avant de passer au long métrage avec Sitcom (1998). C'est Sous le sable qui lui vaut, en 2000, une large reconnaissance publique et critique.
Il rencontre à Paris Philippe Rombi, qui écrit des compositions musicales pour des élèves de la Femis en parallèle de ses études au CNSMDP. Celui-ci signera la quasi-totalité des bandes originales de films de François Ozon.
En 2003, François Ozon fonde la société de production FOZ, qui coproduit la plupart de ses films.
Récompenses
En 2012, François Ozon est membre du jury de la 62e édition du Festival international du film de Berlin, présidée par Mike Leigh, en compagnie de Charlotte Gainsbourg et de Jake Gyllenhaal. La même année, il obtient la Coquille d'or au 60e Festival de Saint-Sébastien pour Dans la maison, une histoire de vampirisation d’un professeur de français par un élève surdoué.
Analyse de l'œuvre
Les longs métrages d'Ozon démontrent une grande cinéphilie et procèdent par citations visuelles, de Jean-Luc Godard à Claude Chabrol, en passant par François Truffaut, Alain Resnais, Douglas Sirk, Luchino Visconti, Joseph L. Mankiewicz, Billy Wilder, Pedro Almodóvar ou encore Rainer Werner Fassbinder dont il adapte deux pièces, Gouttes d'eau sur pierres brûlantes et Peter von Kant.
Il tourne un film par an en moyenne et aime explorer divers genres qu'il mêle parfois : drame intimiste, mélodrame, film fantastique, comédie, film policier, comédie musicale, film noir, thriller ou film à costume. Ses scénarios s'attachent à relater le voyage intérieur de ses protagonistes, majoritairement féminins, qui se trouvent confrontés à la difficulté d'affirmer leurs désirs dans une société normative ou violente. Dans sa manière de filmer, Ozon alterne réalisme et artificialité revendiquée. Il a souvent recours à une forme de stylisation extrême (décors, costumes, manière de filmer, musique) pour faire émerger une vérité cachée sur ses personnages et jouer sur la confusion du vrai et du faux.
Dès Sitcom, son premier long métrage, il se penche sur la naissance de passions transgressives chez l'individu et la destruction des conventions établies. Sous le sable, qui relance la carrière de Charlotte Rampling, relate le parcours d'une femme d'âge mur en plein déni de la mort de son époux. Huit Femmes adapte une comédie policière du théâtre de boulevard écrite par Robert Thomas. Ce huis clos humoristique, kitsch et vénéneux se situe dans les années 1950 et réunit un casting exclusivement féminin sur l'exemple de Women, film de 1938 de George Cukor. Parmi les huit vedettes sollicitées se trouvent Catherine Deneuve, Isabelle Huppert, Fanny Ardant, Emmanuelle Béart et Danielle Darrieux. Le film, qui est un grand succès critique et public, reçoit l'Ours d'argent de la meilleure contribution artistique pour sa distribution lors du Festival de Berlin 2002. Swimming pool se conçoit comme une relecture de La Piscine de Jacques Deray, portée par un face-à-face malsain entre Charlotte Rampling et Ludivine Sagnier (qui fut révélée par Gouttes d'eau sur pierres brûlantes). Le film 5×2 propose une intrigue à rebours en cinq séquences sur la vie d’un couple, débutant sur le divorce et s'achevant sur la rencontre amoureuse.
Le Temps qui reste brosse le portrait d'un photographe homosexuel atteint d'un cancer qui réfléchit sur la manière de mener ses derniers mois de vie. Angel, tiré d'un roman d'Elizabeth Taylor, est tourné en anglais avec une distribution internationale. Cette réalisation revisite le mélodrame d'époque flamboyant, entre ironie et célébration, dans la lignée de Douglas Sirk et Vincente Minnelli. Ricky mêle peinture du monde ouvrier et onirisme tel que le pratique le réalisme magique. Avec Potiche, interprété notamment par Catherine Deneuve, Fabrice Luchini et Gérard Depardieu, le cinéaste s'intéresse à l'émancipation d'une femme au foyer bourgeoise des années 1970. Ozon revient alors à l'adaptation d'une pièce de boulevard dans un mélange d'humour et de kitsch analogue à l'esprit de Huit Femmes. Il évoque ensuite le parcours d'une jeune fille de bonne famille, apparemment structurée, qui s'adonne à la prostitution occasionnelle dans Jeune et Jolie.
Avec Grâce à Dieu, François Ozon réalise un film ancré dans l'actualité en retraçant le combat des victimes d'un prêtre pédophile du diocèse de Lyon pour obtenir réparation face au silence de la hiérarchie catholique locale, notamment le cardinal Barbarin. Le film obtient le grand prix du jury à la Berlinale 2019. François Ozon se défend d'avoir fait un film contre l'Église, et le voit comme un film qui « vise à aider l'Église à comprendre toutes les maladresses et erreurs qui ont été commises ». Le , à la suite de la condamnation du cardinal Barbarin à six mois de prison avec sursis (jugement cassé le suivant en appel, le délit n'étant pas constitué), François Ozon déclare : « La justice n’a pas eu besoin de mon film pour donner son verdict. Les faits étaient connus, dans des articles, des livres, des reportages et surtout dans les témoignages des victimes ».
Aspects stylistiques
Le style de François Ozon mélange plusieurs aspects, dont l'un des plus saillants est l'utilisation d'un symbole idéalisé de la femme : dans la majorité de ses films, l'auteur fait passer une vision personnelle des rapports entre hommes et femmes grâce au rôle clé que revêt la figure féminine.[réf. nécessaire]
Filmographie
Longs métrages
Courts métrages et moyens métrages
Box-office
Distinctions
Décorations
Officier de l'ordre des Arts et des Lettres (2011)
Récompenses
1996 : Festival de Brest - Grand Prix pour Une robe d'été
1996 : Prix du Syndicat Français de la Critique de Cinéma du meilleur court métrage pour Action vérité
1997 : Outfest de Los Angeles - Prix du public pour Une robe d'été
1998 : Festival d'Avignon - Prix Panavision pour Scènes de lit
1999 : Festival de Sitges - Prix du meilleur scénario pour Les Amants criminels
1999 : Festival de cinéma international d'Orense (es) - Prix du jury pour X2000
1999 : Festival d'Oberhausen - Prix Interfilm pour X2000
1999 : Festival de Clermont-Ferrand - Mention spéciale du jury pour l'ensemble de ses courts métrages
2000 : Festival du film LGBT de New York (en) - Grand Prix pour Gouttes d'eau sur pierres brûlantes
2000 : Outfest de Los Angeles - Grand Prix pour Les Amants criminels
2000 : Festival de Berlin - Teddy pour Gouttes d'eau sur pierres brûlantes
2002 : Festival de Berlin - Prix des lecteurs du jury du Berliner Morgenpost pour Huit Femmes
2003 : Lumière de la meilleure mise en scène pour Huit Femmes
2003 : Festival de Bangkok - Grand Prix pour Swimming pool
2005 : Festival de Valladolid - Prix d'argent pour Le Temps qui reste
2009 : Festival de San Sébastian - Prix spécial du jury pour Le Refuge
2012 : Prix FIPRESCI au Festival international du film de Toronto pour Dans la maison
2012 : Festival de Saint-Sébastien - Coquille d'or du meilleur film et Prix du Jury pour le meilleur scénario pour Dans la maison
2013 : Meilleur scénariste lors de la 26e cérémonie des Prix du cinéma européen pour Dans la maison
2014 : Festival de Saint-Sébastien - Prix Sebastiane pour Une nouvelle amie
2019 : Berlinale - Grand prix du jury pour Grâce à Dieu
2020 : Trophées du Film français - Trophées duos réalisateur - producteur pour Grâce à Dieu
Nominations et sélections
César du cinéma :
1997 : Nomination au César du meilleur court métrage de fiction - Une robe d'été
2002 : Nomination au César du meilleur film et du meilleur réalisateur - Sous le sable
2003 : Nomination au César du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario original ou adaptation - Huit Femmes
2011 : Nomination au César de la meilleure adaptation - Potiche
2013 : Nomination au César du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure adaptation - Dans la maison
2017 : Nomination au César du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure adaptation - Frantz
2020 : Nomination au César du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario original - Grâce à Dieu
2021 : Nomination au César du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure adaptation - Été 85
Lumières du cinéma :
2021 : Nomination au Lumière de la meilleure mise en scène - Été 85